Je vais maintenant vous emmener dans un endroit enchanteur:
Le Tonlé Sap, traduit plus fréquemment par « grand lac ».
C' est un système hydrologique combinant lac et rivière portant ce même nom, d'une importance capitale pour le Cambodge. Le lac est le plus grand lac d'eau douce d'Asie du Sud-Est et un site de première importance du point de vue écologique. Il commence à quelques dizaines de kilomètres au sud du site d'Angkor. La rivière du même nom et de même orientation relie le lac au Mékong, le confluent étant à Phnom Penh. Les Cambodgiens ne font pas la différence entre le lac proprement dit et la rivière, ils englobent le tout sous le même vocable Tonlé Sap. La limite entre les deux étant floue, fluctuante, impossible à déterminer.
Le régime d'écoulement alternatif du Tonlé Sap est celui d'un cours d'eau sans source hydrographique ce qui est très rare dans le monde : selon la saison, l'eau coule du lac vers le Mékong (nord-ouest vers sud-est en saison sèche de novembre à mai) ou du Mékong, alors en crue, vers le lac (sud-est vers nord-ouest saison de fonte des neiges himalayennes et des pluies de mousson de mai à novembre), le lac servant ainsi de déversoir au trop-plein des eaux en période de hautes eaux et de réservoir en période de basses eaux.
La superficie du lac pendant la saison sèche (février à mai), est d'environ 2 700 km2 pour une profondeur d'environ 1 mètre, elle se voit quasiment multipliée par six quand arrive la saison des pluies de mousson. On estime que la surface du lac peut alors atteindre 16 000 km2 et sa profondeur 9 mètres, noyant rizières et forêts. En volume, cela représente une multiplication par un facteur 70!
L'inondation saisonnière crée un milieu idéal pour la reproduction des poissons, si bien que quelque 200 espèces y sont répertoriées. Elles ont été localement classées en trois groupes : les poissons blancs, comme Pangasius conchophilus ou Trey pra ke ; les poissons noirs comme les Mastacembelus ou les Gobies de sable, et enfin le groupe des poissons de plus petite taille, à démographie et croissance exceptionnelles. Le Tonlé Sap est du coup une des zones de pêche d'eau douce les plus productives du monde, même si les choses se dégradent à cause des barrages sur le Mekong chinois.
Le lac et ses poissons permettent aussi le refuge d'une quinzaine d'espèces de grands oiseaux en voie d'extinction, et c'est dans la réserve principale destinée à la sauvegarde de ces oiseaux, Prek Toal, que nous allons nous rendre.
Il faut bien comprendre que les contraintes de ce milieu changeant obligent les habitants de la région à adapter leurs villages, et si les villages près des berges sont montés sur des pilotis de 10 mètres, les villages sur le lac même sont carrément flottants, les maisons bâties sur de grands radeaux et soutenues par des bambous ou des barils vides. C'est donc par bateau seulement que l'on peut les rejoindre, et tous les déplacements se font par bateau, même d'une maison à l'autre. Nous avons traversé les villages de Mech Rey et de Prek Toal avant de nous diriger vers la réserve du même nom, une zone inondée immense gardée jour et nuit par des rangers qui vivent sur des petites plates formes d'observation à une dizaine de mètres de hauteur (ils y restent un an, puis vont un an dans un autre parc, qui est lui sur la terre ferme, et ainsi de suite).
Le Tonle Sap, c'est çà, une immense étendue d'eau, à perte de vue, avec des arbres et des buissons qui en émergent!


çà c'est le bord du lac, avec des champs de lotus à perte de vue.








Le village de Mech Rey au petit matin.

Merops philippinus, le guépier à queue bleue


Ardeola speciosa, le héron des mares de Java

Arrivée au village de Prek Toal, on se rend au centre de conservation, il y a même un aquarium!




On prend un autre bateau, plus petit, pour le cœur de la réserve:

çà donne çà (ce n'est pas nous, mais les seuls autres touristes dans la zone en même temps que nous, il n'y a pas foule, il faut dire qu'on est un peu loin de tout ici).

Halcyon capensis, le martin pécheur à bec de cigogne


Le bec ouvert d'Asie, Anastomus oscitans


Anhinga melanogaster, les oiseaux serpents d'Asie

On s'approche de la plate forme, difficile pour moi qui ai le vertige.
Il y a aussi un bateau scolaire, qui a amené toute une classe du village ici pour travailler sur l'écologie, quelle chance ils ont!








Mais quelle vue de là haut, même si les colonies d'oiseaux sont bien loin pour ne pas être dérangées par les acitivités humaines.
On repart ensuite pour slalomer entre les arbres immergés:


Ichthyophaga ichthyaetus, le rare et splendide aigle pécheur à tête grise.


Pelecanus philippensis, le pélican à bac tacheté, ils nichent au sommet des arbres, et les cormorans et becs ouverts nichent en dessous.

Phalacrocorax niger, le petit cormoran

Phalacrocorax fuscicollis, le cormoran indien

Phalacrocorax carbo, le grand cormoran

Coracias benghalensis, le rollier indien

Phaenicophaeus tristis, le malkoha à bac vert

Hirundo smithi, l'hirondelle à fanions


Le nid de l'aigle pécheur, et encore un oiseau serpent, avant de regagner le village pour le repas.