par PHILIPPE 10 » 15 Mar 2022, 16:16
un article sur du sable dénitrateur, pour moi le manque d'oxygène dans l'épaisseur du sable favorise la formation de bactérie qui dénitrate, j'avais déjà parlé d'un article canadien qui parlais du manque d'oxygéne...
Filtration bon marché
& Dénitrateur naturel
Eric Genevelle (avril 1998)
"Les nitrates. A quoi bon acheter un test, le résultat est invariablement une explosion dans le rouge. On a beau effectuer régulièrement des changements d’eau d’un tiers du volume intérieur du bac, on a l’impression de ... dans un violon. Il faut dire que la qualité de l’eau de conduite ne nous aide pas beaucoup dans notre tache et que dans certaines localités, l’exercice relevant de changer de l’eau revient bien souvent à remplacer des anciennes nitrates par des nouvelles plus fraîches ! ! !
J’habitais alors dans une ville où, sous réserve qu’il n’y ait pas eut un violent orage les jours précédents, l’eau de conduite était dotée d’un taux de nitrates égal à 35 mg/l. Il y a mieux, mais nettement moins qu’en Bretagne ! J’allais donc de changement d’eaux en changements d’eau pour limiter la progression de nos chères amies. Mon bac de 460 litres était normalement peuplé de Cichlidés du Tanganyika et la filtration s’opérait à l’aide de deux filtres extérieurs pour un débit de 1500 litres réels par heure.
Lassé de voir ces filtres s’encrasser, je me décidais de m’équiper d’un filtre semi-humide. Pas forcément bricoleur dans l’âme mais plutôt opportuniste, je trouvais chez Truffaut un filtre semi humide en plastique noir pour bassins à Carpes Koï avec les mousses, les robinets, les pseudo biosphères. Le tout pour la somme astronomique de 200 F. Pas de quoi faire la fine bouche, car la construction et le temps passé à construire ce filtre d’une contenance de plus de 70 litres et le prix des constituants auraient rendu l’affaire plus délicate. Ce changement de filtration a créé un changement radical dans l’aquarium. Eau limpide, oxygénation idéale, dénitrification complète... Mais toujours nos amies les nitrates.
C’est alors que j’eus, sans le savoir, une idée lumineuse. Je décidais de changer le substrat. J’étais tombé amoureux du sable blanc et j’allais alors avec ma pelle et mon sceau chercher du sable dans une carrière de silice près de Maisse (91). On peut garer légalement la voiture à 5 mètres des tas de sable. Ce n’est pas du vol car je vous parle d’une carrière qui a été abandonnée. De retour à la maison, le travail consistait à laver ce sable de ses impuretés. Et là, surprise. En fait de sable, il s’agissait comme d’une pate de sable blanc. Impossible de plonger la main dans la matière sans y avoir mis de l’eau et y créer un courant. Ce sable a la même consistance que la farine, mais en beaucoup plus dense. Après de longues heures de lavage, ce sable a été mélangé avec un peu de l’ancien substrat de manière à donner un aspect un peu plus naturel. En effet, le moindre déchet (plante ou chiure de poisson) aurait juré sur ce substrat si blanc. J’ai étalé le sable sur le fond de l’aquarium (avec un râteau car je me cassais les ongles) sur une épaisseur de 3 cm. Depuis, les poissons, principalement les sabulicoles et les Cyathopharynx adorent y fourrager. Ils prennent de larges bouchées de substrat puis le filtre par les opercules.
Les semaines ont passé et je décidais alors de contrôler la qualité de mon eau. Pas de nitrites (c’est la moindre des choses avec un semi-humide), pH de 8,5 et un taux de nitrates inférieur à 15 mg/l ! ! ! Etrange, car cela faisait bien 15 jours que je n’avais pas procédé à un changement d’eau. Curieux de ce phénomène, je changeais 1/3 du volume du bac et contrôlais de nouveau les nitrates. Il était passé à 25 mg/l pour redescendre dans la semaine à 15. Conclusion, plus je changeais l’eau, plus j’augmentais mon taux de nitrates. Procédant par élimination et vérifiant la qualité de mon test, j’en concluais alors que j’avais hérité d’un dénitrateur naturel. Les mois ont passé sans trop pousser plus loin mes recherches dans le domaine. Je remarquais alors que de temps à autres, lorsque qu’un poisson creusait dans le substrat, que certaines petites bulles gazeuses s’en échappaient. Dangereux ? Cela ne le semblait pas et comme je n’avais pas la possibilité d’analyser ces bulles, je fermais les yeux mais promettait de me pencher sérieusement sur la question.
A l’occasion d’une réfection partielle de l’aquarium, je remarquais que des zones du substrat situées là où il s’était entassé (plus de 6 cm d’épaisseur) avaient pris une couleur grise. Il s’en dégageait une odeur d’ammoniaque. J’ai donc retiré une partie du substrat pour n’en laisser qu’une épaisseur allant de 1,5 à 2 cm. Le phénomène ne s’est plus reproduit et le taux de nitrate baisse constamment. Cette année, j’ai déménagé et refait donc entièrement l’aquarium selon le même procédé. L’eau de conduite à un taux de 20 mg/l et le dernier test en aquarium s’est révélé pratiquement négatif (2 tests de marques différentes).
Sans pour autant rentrer dans des considérations chimico-techniques, il semblerait que ce substrat joue le rôle d’un parfait dénitrateur au sein de l’aquarium. Le faible courant d’eau y circulant et sa remarquable densité a fait de ce milieu un formidable site anaérobique d’où le développement de bactéries dénitratantes. Le constant brassage de cette faible couche de sable par les sabulicoles et les Cyathopharynx furcifer évite la constitution de fermentation au sein du substrat d’où le parfait équilibre à ce jour observé. Je me demande cependant de quels éléments nutritifs ces bactéries se nourrissent, car je n’apporte aucune solution de glucose spécifique à l’intérieur du bac. Mais pourquoi chercher la petite bête lorsque tout fonctionne comme dans un rêve.
Ce type de dénitrateur accidentel et naturel n’est peut-être pas applicable à d’autres types d’aquariums et je me garde d’en faire une solution miracle. Il serait cependant intéressant de renouveler cette expérience avec d’autres aquariophiles. Les risques de fermentation devraient être évités en n’apposant qu’une quantité de ce sable n’excédant pas une épaisseur de 2 cm. Je vous conseille de mélanger à ce substrat du sable légèrement plus grossier (granulométrie d’environ 0,5 mm) à concurrence d’un tiers.
Dernier point : et les plantes dans tout cela. Il semblerait que ce type de substrat ne soit pas des plus fertiles et que les racines y aient parfois du mal à y frayer leur chemin. Les espèces du genre Vallisneria s’y complaisent cependant et se reproduisent par stolon. Un apport d’engrais par comprimés de type Florinette de SERA me semblent à ce jour les plus performantes, mais cela reste une appréciation personnelle."